histoire — Elle tira à nouveau sur le bâton de nicotine. Elle en avait fait du chemin pour arriver à cette place, dans ce magasin de  fleurs. Elle se souvenait encore de ce temps où elle n'était qu'une simple gamine innocente et qui buvait toutes les paroles de ses parents. Enfant d'hiver, elle était pourtant très frileuse et brûlait d'impatience pour retrouver une chose que sa famille avait perdue. Les Ly étaient autrefois respectés et respiraient la richesse à plein nez. Ils étaient une de ces familles puissantes qui avait fait fortune en rendant les classes inférieures plus pauvres encore. Magouilles, blanchissement d'argent et tout un tas d'autres choses inavouables avait forgé petit à petit la richesse de cette famille. Or, il avait fallu que la justice soit rendue, brisant cette famille et la remettant à sa place, au plus bas de l'échelle des classes sociales. Cao Trinh n'était pas née, ses parents ne l'étaient pas non plus. C'était son arrière grand-père qui avait fait sombrer sa famille égoïstement et qui ne regrettait plus rien car, quelques jours après, il quittait ce monde d'une balle dans la tête.

Ly Cao Trinh était donc née dans la pauvreté, ainsi que dans un petit appartement qu'ils partageaient avec d'autres personnes de mêmes conditions, ils n'avaient pas assez pour s'offrir plus de confort et ses parents gardaient le peu d'argent qu'ils avaient pour payer les futures études de leur fille unique. Cao Trinh avait décidé qu'elle allait tout faire pour alléger le poids sur les épaules de ses géniteurs que ce soit en travaillant ou en volant. Elle avait réussi à intégrer des cours de gymnastique, sport qu'elle adorait plus que tout, rendant son corps aussi souple qu'un chewin-gum or, elle avait dû arrêter lorsque l'administration se rendit compte qu'elle ne payait pas les cours. En grandissant, elle commença à travailler en plus de ses cours pour aider ses parents. Elle détestait les voir ainsi, faibles et déprimés, alors elle se promit qu'elle ferait tout pour retrouver la fortune de sa famille et ce, par tous les moyens possibles. Elle savait très bien qu'être honnête n'allait pas l'aider dans son projet, surtout qu'elle se trouvait en bas de l'échelle et que personne n'irait détourner le regard à son passage. Elle n'était rien, juste une pauvre fille de la rue. La première chose qu'elle fit, fut de se teindre les cheveux en blond platine, marquant ce changement dans sa vie. Elle avait commencé des études de commerce et avait vite arrêté par manque d'argent. Elle commença alors à vendre des fleurs dans la rue, aux passants, dans les restaurants avant de s'y faire jeter violemment. Puis elle découvrit le marché noir. L'argent facile, cette odeur de pourriture humaine ainsi que le côté dangereux l'attira aussitôt. Elle commença alors son petit commerce dans l'ombre. C'était tout d'abord de petites choses, puis de la drogue et au fur et mesure que les années passaient, elle s'installa avec les armes. Tout comme son commerce illégal, ses petites fleurs vendues à la sauvette étaient devenue une chaîne de boutiques de fleurs, la boutique principale cachant à l'arrière son entreprise d'armes à feu. Avec cette nouvelle vie devait s'accompagner une nouvelle personnalité qu'elle fondit de toutes pièces. Ses parents n'étaient pas au courant et pensaient que leur petit ange de Cao Trinh avait réussi à s'en sortir grâce à ses boutiques. Elle avait pu leur offrir la maison qu'ils méritaient alors qu'elle s'enfermait dans un appartement avec un confort tout de même évident. Elle avait atteint une partie de son but et, petit à petit, elle montait dans l'échelle des classes sociales, écrasant les personnes qui se mettaient en travers de son chemin. Mais ce n'était pas assez, elle comptait bien retrouver toute sa fortune, et ce, avec les intérêts. Malgré cette double vie, il y avait des limites qu'elle se forçait à ne pas dépasser. Pour un monde de débauche dans lequel elle était tombée, elle n'avait jamais touché à la drogue ni même au sexe, préférant garder son corps en bonne santé et faisant ainsi honneur à son nom 'Trinh' qui signifiait virginité. Enfin, elle avait quand même goûté à la cigarette et ne disait jamais non à un verre d'alcool lorsque celui-ci était offert.