Son attention ne peut s'empêcher d'être captée par la bonne humeur qui semble radier de son frère en permanence. Ils tournent en rond inutilement depuis deux jours et Evan n'a pas l'air sur le point de s'en plaindre, surtout considérant qu'il s'agit de son idée. Puis, comme Sidney ne peut rien refuser au cadet, le voilà forcé à manquer des heures à l'hôpital pour se tartiner une chasse à l'or en compagnie d'une tierce personne tout aussi agréable que lui : Snow. Son vrai prénom est une horreur à prononcé, alors Sidney se contente de cette version plus plaisante, mais ça ne change en rien que cette magnifique aventure n'a rien de magique et amusante. Sidney déclare la pause, en ayant particulièrement ras-le-bol de marcher, s'installant sur un gros rocher avec son berger allemand qui se couche à ses pieds. Il n'ose pas râler puisqu'il s'agit de l'idée de son frère, mais l'envie lui brûle les lèvres. Le désir de pointer l'évidence même de la situation se fait fort, sauf qu'il roule sa langue dans sa bouche et se contente d'expirer bruyamment pour témoigner son énervement. Posant son sac à dos sur ses genoux, il l'ouvre pour en fouiller le contenu, écartant quelques surplus médicaux d'urgence du chemin pour mettre les doigts sur sa dernière bouteille d'eau. C'est tout ce qui lui reste. De l'eau et son kit médical. Ainsi qu'une petite arme à feu et son chien, ayant prêté son précieux taser à Evan au cas où. Les trois derniers trucs ont été difficiles à obtenir, autant y faire attention. Particulièrement à ce cher Piro maintenant âgé de trois ans. « J'ai le malheur d'annoncer que c'est la dernière journée. Sinon, moi je me retire. » Il ne prend pas la peine de le préciser, mais au regard sévère qu'il pose sur Evan il devient évident que la suite est 'et toi aussi' parce qu'il est hors de question de laisser le petit seul dans le coin.

C’est par pur accident que j’ai entendu les frères Baker parler de leur petite excursion. Enfin, « accident », rien n’est jamais vraiment un accident avec moi depuis quelques années. Évidemment, je me suis tout de suite invitée dans leur affaire. Un simple coup de fil à Sidney avait suffi. Un coup de fil assez long puisque je m’étais mise à le convaincre de mon utilité. J’avais inventé un truc à propos de mon excellent sens de l’orientation et mes capacités à trouver des trésors. Au final, il en avait eu assez de mon blabla infini et avait accepté de m’emmener avec eux. C’est ce que j’appréciais chez Sidney Baker : à quel point c’était facile de prévoir ses réponses et réactions. Je m’étais pointée le lendemain, à demi habillée pour le job, je ne voulais pas passer pour une professionnelle à ce genre de chose non plus, de quoi les rendre suspicieux. Et le groupe était parti.

Être avec les Baker, c’était comme se promener avec les nains Grumpy et Happy. L’un soupirait, grognait, faisait toute sorte de bruit pour qu’on comprenne à quel point il détestait ça. Et l’autre… eh bien, il ignorait tout et profitait pleinement de l’expérience. Moi, je jouais le rôle que je m’étais donné. La fille bavarde. Une pause est ordonnée par Grumpy, et on s’arrête. « Déjà? Ça ne fait que deux jours pourtant… Tu croyais que l’or allait nous tomber dessus? » J’ai un petit sourire en coin. Ce n’est pas tous les jours que Baker senior me donne l’occasion de le charrier un peu. Alors qu’il fouille dans ses trucs, je fais le tour de l’endroit où il a décidé de s’installer. Mon instinct ayant pris le dessus, je vérifie qu’il n’y a pas d’ennemis, ni de pièges, mais je m’arrange pour simplement avoir l’air de regarder aux alentours.

Autant le dire tout de suite, Evan voyait les choses d’un bon oeil. Il se voyait même déjà avec l’or dans les mains, après tout ce n’était qu’une question de temps non ? Puis comment ne pas être d’excellente humeur alors qu’il était en compagnie de son frangin et de la demoiselle qui faisait battre son coeur ! Non, décidément, les deux jours des vaines recherches n’avaient aucune incidence sur son moral, même que ça lui parlait. Deux jours de faits, il en reste forcément moins que lorsqu’ils avaient commencé ! D’ailleurs, il était bon de noter que comme c’était son idée, le jeune homme considérait que c’était son devoir moral de ne pas abandonner. Il fallait montrer l’exemple (et peut-être que ça impressionnerait Lìxúe ce qui ne pourrait être qu’un point positif !). Il ne savait toujours pas pourquoi elle était là ou comment elle avait appris l’existence de cette merveilleuse expédition, mais ça importait peu au final. Il comptait bien en profiter pour se montrer ses meilleurs côtés ce qui avait commencé par une ration impressionnante de pain. Ration dont il ne restait plus grand chose mais encore une fois ça importait peu. Du moins à ses yeux puisque Sidney prononça une sentence sur la petite expédition. Le dernier jour ? « Pourquoi ? » Ses protestations étaient évidemment tirées du fait qu’il comprenait qu’il devrait partir avec son frère. Il était donc primordial de le convaincre que rester était la meilleure décision. C’est ce que commença Lìxúe et Evan lui emboita le pas en faisant l’inexcusable (à savoir prendre le parti d’une gente dame plutôt que celui de son frère) : « Mais il faut continuer ! Si ça se trouve on est tout près du but ! » Toujours à voir le côté positif, même si ce ne serait probablement pas suffisant pour convaincre Sidney. Ce pourquoi il se permit de faire sa tête la plus adorable, espérant que ça allait suffire. Ça avait bien fonctionné pour commencer l’aventure !  

Évidemment que Sidney allait terminer cette expédition avec une réputation de pessimiste, mais après vingt-neuf ans de vie, il a l'habitude de se coltiner le titre. Grand rabat-joie dans l'âme, il jette un regard sec à la demoiselle qui les accompagne, esquissant un des sourires les plus faux de son existence sans tenter de le faire paraitre le moindrement réel. À quoi bon se voiler la face entre elle et Evan : ils le connaissaient assez bien pour savoir qu'il a généralement un caractère de merde. Au moins, la présence de Snow lui permet d'exprimer vocalement son irritation puisqu'il ne tiendrait jamais de tels propos envers son cadet. « Je croyais pourtant qu'on avait une professionnelle avec nous. » Son frère, le traitre, saisit sa chance en empruntant la porte ouverte laissée par Snow pour tenter de la convaincre à son tour. Sidney soupire, dévissant le bouchon de sa bouteille d'eau pour en prendre une gorgée puis en donner à son berger allemand en faisant bien attention de ne pas en gaspiller - et surtout concentrer toute son attention ailleurs que sur l'adorable bouille de son frangin. « Ce ne sont pas des bouts de pain qui vont nourrir Piro et je ne sais pas chasser, donc à moins que mademoiselle sait-tout-faire sache me ramener une chèvre rôtie... » Il laisse ses mots en suspens, rangeant sa bouteille dans son sac puis tourne le regard vers la jeune femme, ouvrant les mains pour l'inciter à annoncer ses prouesses inconnues de chasseuse dans les montagnes. C'est fou comment Sidney peut s'ennuyer du confort de sa maison en ce moment, de son lit, de sa douche, de sa cuisine, de tout. Il n'est pas fait pour les excursions rocambolesques, mais il est absolument non négociable de laisser Evan trainer dans ce genre d'endroit sans lui.

Petites fleurs, joie et enthousiasme d’un côté et sombre, pesante, et détestable râleur de l’autre. Ce voyage s’annonçait être particulièrement difficile sur mes nerfs. Ce que j’espérais, c’est que la montagne d’or qui nous attendait à la fin de cette expédition allait en valoir la peine. Le pire résultat qui pourrait arriver ce serait de repartir les bras vides. Non seulement, je me serais fait chier à entendre Sidney râler aux cinq secondes, en plus de perdre mon temps. Quand le vieillard se mis officiellement à annoncer son abandon de la mission, je me mis tout de suite à le charrier. Pas question que ça se termine comme ça. Évidemment, le jeune Baker s’y mis aussi. Je savais que seule, je n’arriverais jamais à lui faire changer d’idée, mais si son petit frère, son talon d’Achille, le lui demandait, ça devenait possible. À la réponse de Sidney, je secoue la tête. «  Allez pépé, déjà rendu sourd? J’ai dit que j’avais un bon sens de l’orientation et de la chance, pas que je suis la réincarnation d’Indiana Jones! » Je secoue la tête, comme si je réalisais finalement qu’il était rendu sénile. Je continue de regarder autour. Je vois des traces de passage d’animaux aux travers de nos propres traces de pas. J’entends vaguement le bruit d’un ruisseau au loin. Je sais que je serais capable de trouver à manger assez facilement, le problème, c’est de le faire sans trop attirer l’attention des deux frères. Heureusement que j’ai tendance à faire croire aux gens que mes parents m’avaient fait prendre des cours d’archerie quand j’étais plus jeune. Ça explique le fait que je me promène avec un arc. Je reviens juste à temps au camp pour entendre la fin de la phrase du plus vieux. « C’est un défi papi? Tu sais que je pourrais le faire rien que pour te prouver tort! » Quoi que ça m’irait aussi. J’adore le pain d’Evan, mais après deux jours à ne manger que ça, disons que je ne serais pas contre un peu de viande.

Les reproches que Sidney formulait à l’égard de Lìxúe faillit pousser Evan à intervenir pour défendre sa dulcinée récalcitrante (et qui surtout ne pouvait pas être qualifiée comme telle), mais visiblement, elle était bien capable de le faire toute seule. Puis bon, malgré sa propension à vouloir impressionner la demoiselle - là où il n’avait pas besoin d’impressionner son frère - il n’était pas un traitre à ce point. Puis, il fut visé par les reproches de son frère, mais de manière plus douce avant que le tout ne retombe à nouveau sur la seule demoiselle du trio. Blague à part au sujet d’une chèvre rôti, Evan décida de faire un homme de lui-même et de prendre la chose au sérieux : « On ne trouvera probablement pas de chèvre, mais on pourrait essayer de chasser… quelque chose. » Oh, évidemment, chasser n’était pas dans ses cordes, mais il avait totalement confiance entre les autres membres de son équipe ! « Ou on peut faire un petit campement et se séparer pour chercher les alentours. » Bien motivé à trouver l’or, il cherchait encore une façon de convaincre son frère (et il prenait sans doute la mauvaise). Il était suffisamment motivé pour s’entêter dans une marche sans fin, seulement, il fallait savoir que ce n’était probablement pas le cas des deux autres (ou assurément pas pour Sidney). Si bien qu’il décida qu’il valait mieux utiliser l’artillerie lourde : « Allez, s’il te plaiiiit. » finit-il par lâcher en prenant sa meilleure tête, celle de l’adorable petit chiot à qui on ne peut rien refuser. C’était sa technique ultime pour convaincre son frère de le suivre dans une quelconque aventure. C’était, après tout, ce qui l’avait convaincu de partir dans cette merveilleuse aventure. Maintenant, il fallait simplement espérer que Lìxúe embarquerait dans sa tentative de convaincre Sid, ainsi il pourra ensuite retourner à essayer de l’impressionner !

Impossible pour Sidney de l'admettre à voix haute, mais il avait eu l'espoir que d'emmener Snow aurait l'effet d'accélérer les choses. Après deux jours à tourner en rond, il commence à douter même s'il sait fort bien que tout ne vient pas facilement, encore moins de l'or. Puis, si ça se trouve, quelqu'un a déjà posé la main dessus bien avant eux - s'il y en a bien sûr. Trop occupé à endosser son rôle de vieillard aigri, Sidney rate pour la millionième fois l'évidence même de l'attraction de son frère envers la jeune femme, évoquant plutôt l'idée farfelue de se mettre à la chasse. Le plus vieux roule des yeux, le regard froid toujours posé sur elle. « Alors qu'est-ce que tu fous encore là ? » Au fond, très très fond, Sidney ne déteste pas Lìxúe tant que ça. Or, ce serait digne de lui arracher une jambe que de le laisser sous-entendre la moindre seconde. Evan prend la relève pour tenter de le convaincre, attirant ses yeux qui s'adoucissent aussitôt tandis que ses doigts caressent la fourrure de son chien. « Laissons la chasse à Snow puisqu'elle sera au moins motivée par l'envie de me prouver que j'ai tort. » Il se lève de sa place assise, laissant quand même sans sac contre le rocher et indique à son berger allemand qu'il peut rester couché pour ensuite s'approcher de son petit frère. Sidney s'arrête devant Evan, abaissant le menton dû à la différence de taille, et croise les bras en admirant les dons d'acteur de celui-ci. C'est que le bougre a appris à maitriser ses points faibles avec efficacité. « Très bien. On fait un tour du secteur pour trouver un endroit mieux où passer la nuit, sinon ce sera ici. » Il pivote sur lui-même, cherchant la direction de Snow avant de poursuivre. « On se rejoint ici dans une heure ? » Il attend une réponse quelconque, se retournant légèrement vers Evan. « Jour de chance, je te laisse mener une aventure sans moi... Mais tu pars avec Piro. »

J’étais tout à fait capable de me débrouillée toute seule. J’étais capable de répondre aux insultes tout comme aux coups. Ça ne voulait pas dire pour autant que je voulais qu’on me laisse me débrouiller tout le temps. Avoir un peu d’aide, ça ne voulait pas dire que ma valeur ou que mon indépendance descendait pour autant. Je profite de notre arrêt forcé pour m’étirer. On n’a fait que marcher et tourner en rond pendant les deux derniers jours et je commence à avoir mal au cou et au dos à force de trainer mon sac. Je sens que ça craque et ça me fait tout de suite un bien de fou. « Un campement c’est une bonne idée. Je ne crois pas que notre grand-père ici présent puisse faire un pas de plus! »  Maintenant qu’on m’a officiellement attribué la tâche de nourrir les deux citadins, je me fais un plaisir de retirer le sac que je me trimballe depuis deux jours pour le lancer au pied du vieillard. « Je ne voudrais pas faire fuire notre souper à cause du bruit. » C’est tout ce que je dis comme explication. En vrai, j’arriverais surement à me débrouiller même en trainant mon sac, mais c’était chiant à trainer. Donc je le laisse au vieux raisin aigri qui n’arrête pas de se plaindre. Ce n’est pas que je n’ai pas envie d’entendre la prochaine râlerie du vieux, mais j’ai du boulot à faire. Oui, je crois être capable de trouver à manger, mais ça ne veut pas dire que ce sera facile et que la bouffe va me tomber dans les bras pour autant.  Avant que Sidney ne puisse se plaindre du sac supplémentaire qu’il vient de se mériter, je quitte le camp temporaire, tout en lâchant un : « À dans une heure les mecs, et essayez de ne pas vous faire bouffer par quoi que ce soit! » Et je suis partie. Je rebrousse le chemin que l’on a fait pour retrouver les traces que j’ai vu. Je suis certaine que j’ai pu voir des pas d’antilope et de mouton.

Entendre une approbation sortir des lèvres de Lìxúe fut de la véritable musique à ses oreilles à un tel point que le reste de la conversation passa sous silence. (On pouvait dire qu’Evan se satisfaisait d’un rien) Mais bon, il n’avait pas tellement d’intérêt pour la suite si ce n’était que le miracle qui se produisit lorsque son frère accepta de le laisser aller explorer la nature presque par lui-même. La présence de Piro ne le dérangeait pas en outre mesure (même si pour le coup, un peu de confiance n’aurait pas fait de mal à personne). « Pas de soucis ! Viens Piro » Pas besoin de dire d’avantage, il partait tel un joyeux vagabond prêt à trouver la chose. Il prit un chemin au hasard, observant vaguement où il allait, mais surtout bien occupé à chercher des signes de nourriture ou d’endroit idéal pour faire le campement. Rien de tout ça ne vint vraiment sur son regard, mais il trouva tout de même quelques champions et quelques plantes qui, s’il ne se trompait pas, étaient comestibles. Sa quête n’était peut-être pas des productives, mais elle l’occupa suffisamment pour que le rendez-vous ne lui sorte de l’esprit. Si bien que lorsqu’il regarda sa montre, il vit que le retard pointait le bout de son nez. Il dut donc faire le chemin inverse en courant, Piro sur les talons. S’il fallait qu’il ne soit pas là lorsque l’heure se serait écoulée, il pouvait dire adieu à toutes les futures aventures qu’il pourrait avoir. « Je suis là ! J’ai des champignons. » La priorité du siècle, mais il ne fallait pas oublier qu’il était un cuisinier à la base (spécialisé dans le pain, mais il n’était pas complètement nul pour le reste). « Et t’as vu, je n’ai pas dépassé l’heure ! » Il fallait voir ici le pauvre gamin qui devait encore vivre avec des couvre-feus (ou pas), enfin, il voulait se montrer à la hauteur de la mission qu’on lui avait donné (à savoir se faire accompagné par Piro).  

« Madame a apporté plus que ce qu'elle ne peut porter ? » Un sac de plus ou de moins ne fait pas une énorme différence pour la perche qu'est Sidney, mais il fallait s'être attendu à ce qu'il passe un commentaire. Prenant le poids en surplus, ils confirment ensuite de tous revenir à cet endroit dans une heure puisqu'il vaut mieux éviter de trop se disperser avant le couché du soleil. Sidney observe son chien se lever pour se diriger vers Evan lorsque ce dernier l'appelle, se mordillant la lèvre inférieure en regrettant déjà cette décision. « S'il t’arrive quelque chose, tu cris et j'arrive aussitôt. Okay ? » Son frère est déjà en route, motivé par son aventure, et Sidney préfère prendre cela comme une approbation plutôt que comme une preuve qu'il ne l'a pas entendu. Lìxúe étant partie avant Evan, Sidney se retrouve seul au point de rencontre et vise une direction différente de celles déjà empruntées par les deux autres pour faire son exploration. Son exploration est peu fructueuse si ce n'est qu'il trouve une source d'eau et en profite pour remplir ses bouteilles d'eau - et fouiller dans le sac de Snow pour voir si elle n'en a pas et en faire de même. Ils n'ont peut-être rien pour la faire bouillir, mais Sidney a bien pris soin de trainer des antibiotiques avec lui - ce qui est mieux que rien. Poursuivant un peu plus loin, un chemin imaginaire semble se dessiner entre les roches, sauf qu'il se fait trop tard pour mener l'enquête davantage et il retourne sur ses pas. Le plus vieux du lot n'est pas spécialement surpris d'être le premier de retour, retrouvant le confort de son rocher en posant ses deux sacs à ses côtés et guette les alentours. Une part de lui se dit que son frère est assez vieux pour se débrouiller et qu'il sera là d'une minute à l'autre, sauf que l'autre part est en monde panique avec les sirènes et les lumières rouges qui clignotent. Sidney s'agite, faisant sauter sa jambe droite d'impatience en passant les doigts dans ses cheveux. Au premier signe de vie d'Evan, Sidney est sur pied et supprime la distance entre eux pour venir le serrer dans ses bras, puis lui tirer une tête étrange en le jugeant longuement. « Des champi- AH ! Dit jamais à un médecin que t'as des champignons. » Sidney le relâche, lui tapant doucement la tête en signe de réprimande. « Félicitation, t'auras maintenant le droit de te coucher après vingt-deux heures. » Malgré son air hautement sérieux, oui, le médecin est bel et bien en train de blaguer puisque bon, Evan peut très bien aller au lit à l'heure qu'il désir rendu à son âge.

Une grimace, c’est tout ce que Sidney se mérite de ma part. Qu’il dise ce qu’il veut, c’est bien ce qu’il fait de mieux : parler, râler, et faire la leçon aux autres. Et voilà que je disparais dans les montagnes. Dès que je suis hors de vue, je laisse mon instinct prendre le dessus, je cesse enfin d’ignorer tous les signes. C’est très libérateur de ne pas avoir à me retenir. Je navigue dans les montagnes comme si j’y avais toujours vécu. Malgré ma tenue qui n’est définitivement pas faite pour ce genre de tâche, je me débrouille bien. Je suis juste un peu ralentie comparé à normalement. Je traque les traces d’animaux au sol, et ça me prend au moins une demi-heure remonter jusqu’au troupeau. Je grimpe dans un arbre afin d’avoir une meilleure vue de ma proie. Et ce n’est qu’une fois que je suis assise stablement que j’ose prendre mon arc. Je n’ai qu’une chance. Si je manque la première flèche, le troupeau risque de prendre peur et de fuir, et je devrai le traquer une nouvelle fois, me faisant perdre beaucoup de temps. Il n’y a pas d’hésitation dans mes mains lorsque je lâche la flèche. Ce n’est pas la première fois que je tue un animal pour survivre. Une des plus petites chèvres des montagnes est touchée directement dans la tête, la tuant instantanément. Le reste du troupeau fuit, et je suis soulagée de voir qu’ils n’ont pas piétiné notre souper dans leur fuite. Je replace mon arc dans mon dos avant de descendre l’arbre. Le temps que je traine mon trophée jusqu’au camp, l’heure est passée. Il n’y a donc aucune surprise à ce que je sois la dernière à arriver. Mes cheveux sont ébouriffés, et j’ai quelques feuilles qui s’y sont prises. Monter et descendre de l’arbre était une mauvaise idée considérant que je n’avais pas attaché ma longue chevelure. Heureusement, j’ai un peigne dans mon sac pour réparer les dégâts. Il y a quelques taches de sang séché sur mes jeans, de même que sur mes souliers, et la chèvre morte traine derrière moi. « Le repas est servit! » Je suis fatiguée, mais je fais quand même l’effort de faire une blague. Je laisse la viande là, et je m’installe sur une roche pour me reposer un peu. « Qu’est-ce que vous avez trouver vous? » Parce que je suis arrivée en dernier, je ne sais pas ce qu’ils ont trouvés. Mais rien que d’avoir prouver à Sidney que je sais me débrouiller, ça me fait plaisir.

Se faire accueillir par un câlin de son frère n’était pas très étonnant, mais toujours aussi agréable. Après tout, ce n’était pas Evan que ça allait déranger. Il haussa d’ailleurs les épaules en entendant le commentaire selon lequel il ne fallait pas vanter la découverte des champignons. « Mais ils ont l’air bon ! » et selon toute hypothèse ils étaient vraiment bon. Sans être un expert, il avait un minimum de connaissance en la matière et il avait confiance en ses capacités de cueilleurs. Son humeur s’améliora encore (si seulement c’était possible) en entendant sa nouvelle permission, même s’il savait bien que c’était une blague. Tout content, il le fut également en voyant Lìxúe revenir avec ce qui semblait être leur repas. Bon il n’était pas très chaud à l’idée de voir une chèvre morte, mais il était probablement le meilleur cuisinier d’être eux. S’affairant fouiller son sac à la recherche d’une casserole (parce que oui c’était le genre de chose à laquelle il avait pensé), il décida de répondre à la question qui lui était adressée : « J’ai trouvé des champignons, je devrais pouvoir faire un ragout. » C’est qu’il avait au moins un minimum de capacité et c’était son moment de briller. Parce que, évidemment, Lìxúe pourrait n’être que charmée par ses capacités culinaires (un ragout pour ses beaux yeux voilà). « Il me faudrait de l’eau et un couteau. » Bon il ne voulait pas donner des ordres, mais il ne pouvait pas vraiment cuisiner avec le taser que son frère lui avait prêté. Enfin, il s’affaira néanmoins à préparer le reste en mettant les champignons (comestibles) et quelques épices qu’il avait amener avec lui au cas où. Il ne pouvait cependant rien promettre au niveau de faire le feu si bien qu’il espérait fortement que l’un de ses compagnons d’aventure allaient se dévouer pour le faire. Le reste, il pouvait bien s’en occuper comme un grand !