s'il y a bien une chose dont elijah déteste, c'est bien le silence. or, c'est un détail auquel il commence peu à peu à s'habituer, la maison lui servant de refuge étant pour la plupart du temps vide de son locataire. depuis qu'il a pris son rôle de ménager en tout genre très au sérieux, ce n'est plus tant ses après midis qui se font longs, puisqu'il n'a qu'à allumer la télévision pour la présence et retourner à ses pancakes. non, ce sont les soirées qui pour elijah semblent durer une éternité. et pour cause : non seulement les émissions de télé ne l'intéressent guère, mais c'est surtout l'impatiente qui le ronge presque tous les jours de la semaine une fois le soleil couché. ce n'est pas comme si le jeune chinois avait tant le choix sur ses programmes nocturnes. à quoi bon sortir le soir quand on est de un non accompagné, de deux recherché et de trois pauvre. d'autant plus que ça ne se ferait pas par respect pour l'homme ayant accepté de l'héberger en premier lieu. c'est pourquoi le fils meng tue le temps en remplissant divers tâches qu'il aurait pu oublier dans la journée. rien de très passionnant, mais au moins ça l'occupe. que ce soit rédiger une liste de course, repasser un coup de serpillière, trier les livres et les cds par ordre alphabétique, tout est susceptible de lui tomber entre les doigts. aujourd'hui c'est ce qu'elijah a fait avant d'aller faire de l’œil au canapé, trier les livres. il en a d'ailleurs sélectionné un dans la foulée qui lui semblait fort intéressant, l'ayant déposé sur la table du salon pour ne pas l'oublier. son programme pour la soirée se résumait alors grossièrement à ça. manger et lire en attendant le retour de l'homme tant désiré. or eli ne s'était pas attendu à somnoler autant pendant sa lecture. une véritable lutte pour ne pas s'endormir entièrement. un regard vautré sur sa montre, il se demande où peut être bien passé quincy alors que cette dernière affiche en chiffres digital 23:32. des sourcils inquiets habillent alors son visage lorsqu'il réalise que l’aîné n'a jamais été autant en retard.

Un long soupir passe ses lèvres. La fine fumée blanche caresse son visage en sortant de par ses narines, ses doigts tremblent en tenant la cigarette qu’il tente de terminer. Ses prunelles se fichent sur le tison ardent, le bâton se consumant de lui-même, le jetant au bas de la rambarde sans plus y jeter un coup d’œil. Il n’était jamais nerveux. Pourtant, aujourd’hui faisait exception. C’est probablement pourquoi son retour à la maison tardait. Parce qu’il savait qu’il l’attendait à son domicile. Il savait très bien que son cadet ne sortait que très rarement de la maison, surtout lorsqu’il se faisait tard. Et maintenant, il comprenait pourquoi. Ses doigts chiffonnèrent lentement l’affiche portant le visage d’Elijah, la fourrant dans la poche de son sweat, rabattant la capuche sur sa chevelure.
00:24. Sa main se pose sur la poignée de son appartement, l’ayant déverrouillée. Les lumières sont tamisées, pour ne pas dire qu’elles sont totalement inexistantes. Il referme la porte, verrouille derrière lui, glissant les clés dans la poche arrière de son pantalon, contrairement à son habitude, qui aurait été de déposer le contenu de ses poches sur la table à l’entrée. Silencieusement, Quincy se dirige vers le salon, où il découvre directement sa cible. Ironiquement, un léger sourire marque ses lèvres. Comment un jeune homme comme lui peut valoir autant d’argent? Comment a-t-il fait pour le laisser entrer chez lui, pour lui offrir un logis en toute innocence de cause? Comment avait-il fait pour se prendre d’affection pour un môme qu’il devrait, éventuellement éliminer? La main du brun du se tend, glisse dans les mèches foncés de son « colocataire ». « Eli.. Je suis revenu. » Un murmure, comme s’il ne voulait pas le déranger. Comme s’il ne voulait pas s’avouer que ce qui lui passait par la tête était tiré par les cheveux. « Vas te coucher, je te rejoins bientôt. »

morphée semble plus que l'avoir accueilli avec chaque cliquetis de l'horloge se trouvant contre la parois de l'entrée. ce n'est pourtant pas dans ses habitudes de céder à la fatigue. après tout, elijah apprécie être présent et bien éveillé lorsque son oreille distingue le son d'une porte se refermer. pour une raison qu'il ignore plutôt pas mal d'ailleurs. le jeune brun est confus, ne comprend pas toute cette affection qu'il éprouve pour cet homme qui au final n'a fait que le prendre en pitié. peut être qu'il s'y attache puisque dorénavant il n'a plus personne pour lui tenir compagnie. plus personne pour se soucier de lui, vouloir son bien être. un long, pourtant doux soupire quitte ses lèvres au contact des doigts de l’aîné contre sa chevelure. ce n'est probablement pas la meilleure méthode pour le réveiller, elijah en conclut, le geste le berçant presque à retourner dans le monde des rêves. c'est néanmoins avec un léger hochement de tête que le plus jeune se redresse contre le sofa, se frottant alors les yeux dans la fatigue. « soulagé de ta présence... je m'inquiétais. » un dernier tendre sourire adressé à quincy, et eli se retrouve sur deux pattes, se dirigeant vers leur chambre partagée. il ne semble guère trouver la motivation à aller se démaquiller, une mauvaise habitude qu'il tente pourtant de perdre pour ne pas sembler plus vieux que son âge dans dix ou vingt ans. il opte plutôt pour le rapide, et surtout pour le confortable. son jean se retrouve rapidement plié sur la chaise au coin de la chambre, le laissant alors uniquement en boxer, un large t-shirt blanc cachant le reste de son corps. elijah s'allonge alors sur le lit, à plat ventre, pliant son bras et genou gauche pour être plus à l'aise, son visage faisant face au mur et dos à la porte d'entrée. un autre soupire quitte ses lèvres alors que ses yeux se ferment. c'est comme si son corps était maintenant en condition pour réellement dormir, et qu'il ne l'avait pas été il y a de ça quelques minutes, quand l'anxiété le possédait. eli n'a pas le temps de se questionner là dessus alors qu'il se laisse bercer par le rythme de sa propre respiration, prêt à repartir dans ces bras qui n'attendent que lui.

Son visage lui semble si serein. Le sommeil qui berce le jeune homme se trouvant devant lui doit être réparateur, puisque son cadet se tire des bras de Morphée assez rapidement. Il lui semble être encore bien endormir lorsqu’il lui mentionne s’être inquiété et, inconsciemment, sa gorge se serre. Il esquisse un sourire en guise de réponse, le regardant filer vers la chambre qu’ils partageaient. Pourquoi maintenant. Pourquoi cette envie si soudaine. Parce qu’il sait maintenant que le jeune homme partageant sa couche vaut une fortune? Qu’il a la possibilité de mettre la main sur lui sans trop d’efforts? Peut-être. Le brun retire sa veste, la posant négligemment sur le canapé; il la ramasserait demain. Il prend le temps de fermer les lumières, d’éteindre la télévision qui fonctionnait encore avant de prendre le chemin de la chambre, refermant la porte derrière lui. Silencieusement, Quincy monte sur le lit. Il se place au dessus de sa proie, laissant le bout de ses lèvres frôler sa peau, s’apposant ensuite contre son omoplate gauche. Sa main file sous son propre haut, attrapant le poignard enfoncé sous sa ceinture, posant la lame affilée contre le cou d’Elijah. Instantanément, son souffle se coupe au creux de sa gorge. Comme s’il regardait la scène de l’extérieur, comme s’il n’y participait plus vraiment, il se regarde aller. « Pourquoi ne m’as-tu jamais dit la vérité…? » Il murmure au creux de son oreille, enfouissant le bout de son nez contre sa chevelure, humant son parfum. Sa lame ne bouge pas, mais il sent ses doigts trembler contre la garde. « Tu me rends la tâche tellement difficile, Eli… » Et pourtant, s’il avait eu un peu de jugeote, il aurait gardé tout ceci pour lui.

habituellement, bien que ce type d'événement n'arrive que très rarement, elijah arrive à rester composé, arrive à improviser et trouver une manière quelconque de s'en tirer. on lui aurait posé la question, il aurait probablement répondu qu'avec quincy ça aurait été la même chose, de l’auto préservation. or ce qui le pétrifie lorsque la lame vient se loger contre sa gorge, c'est son incapacité à réagir. ça l'agace, et ce sont rapidement ses pensées internes qui le pointent du doigt, lui rappelant encore une fois que ce n'est que ce qu'il mérite pour avoir baissé sa garde, avoir fait confiance à quelqu'un d'autre que lui même. le jeune brun pèse ses options avec difficulté, et il n'est guère certain si cela vient du fait qu'il soit nerveux ou non, mais il n'en compte presque aucune. elijah considère pendant une seconde profiter de leur position pour user de son coude et frapper quincy dans l'abdomen, or ce dernier aurait probablement tout le temps du monde pour trancher sa peau. accidentellement ou non. la panique grimpe rapidement, au même titre que sa respiration. il tente au maximum de le dissimuler lorsqu'il sépare finalement ses lèvres pour répondre à l’aîné. « pour cette exacte même raison. » sa voix reste firme malgré toute la peur l'habitant. et il essaye de la dompter, vraiment, mais il n'y arrive pas. pas avec les propos que l'homme lui murmure au creux de l'oreille. son corps se met à trembler légèrement sous son implication, sa main venant saisir presque désespérément le genoux du plus grand. « s'il te plait quincy... ne fais pas ça. » ce serait ironique, pense-t-il, en fermant les yeux. mourir de cette manière après autant de survie. il ne le réalise pas, mais une simple larme glisse le long de sa joue, tandis que son emprise sur la peau de l'autre s'accentue. c'est alors qu'elijah réalise, réalise oh combien la mort l'effraie. réalise oh combien il n'a pas envie de mourir.

Jamais il n’aurait cru devoir en venir aux armes. Il ne se serait jamais pensé capable de faire un tel geste envers une personne qu’il aime sincèrement. Bien sûr, il avait souvent pensé tourner le dos à son propre père pour lui montrer de quoi il était capable, mais ce n’était pas pareil. Le lien émotionnel n’était pas du tout le même, au contraire. Il était certainement plus attaché au jeune homme qui partageait son appartement qu’il ne l’était à son père. La relation n’était pas la même. Avec son père, c’était bien plus professionnel que quoi que ce soit d’autre. Tandis qu’avec Eli… Il n’arrivait pas à trouver les mots exacts pour décrire ce qu’il ressentait vraiment. Ses prunelles se posent contre la lame à quelques millimètres de l’épiderme de son cadet. Les flashs d’une scène possible s’imposent à lui. Il s’imagine déjà le sang couler contre ses doigts, poignardant à maintes reprises le corps déjà inanimé se trouvant sous lui. Il en avait éperdument envie et tellement pas à la fois. Ces envies étaient si pernicieuses. Avec le temps, il avait pris goût à cette violence, à cette soif de sang qui se faisait de plus en plus virulente. « Si ce n’est pas moi, c’est quelqu’un d’autre qui le fera, tu le sais.. » Un nouveau murmure tandis qu’il se redresse légèrement, fronçant les sourcils lorsque le plus jeune s’agrippe à son genou. C’est idiot, mais c’est comme si ce simple geste l’avait ramené sur terre. Ses prunelles se posent sur le visage d’Elijah, déglutissant lentement. Quincy se penche vers l’avant, glissant ses lèvres contre la joue de son cadet, happant cette larme, en effaçant la trace. « Ne pleure pas, je t’en prie… » Il pose son front contre le sien, relâchant son poignard, glissant ses doigts dans la chevelure du plus jeune. Il baisse sa garde, parce que pour lui, Eli est inoffensif. Et pourtant, il sait très bien que ce n’est probablement pas le cas. « Tu peux me détester, je ne t’en voudrai pas. »