Tout est trempé. J'ai l'habitude de prendre mes douches brûlantes et vu la taille de ma salle de bain, il ne faut pas longtemps avant que la vapeur ne la remplisse. Il y a de la buée partout et quand je tire le rideau, je ne me vois même pas dans le petit miroir en face de moi. J'ai presque du mal à respirer dans cette moiteur mais j'aime cette chaleur humide. Ma peau est rouge d'avoir trop frotté et d'être restée trop longtemps sous l'eau chaude mais c'est comme ça que je me sens propre. Je m'empare de la serviette que j'ai laissée à mon entrée et jure dans ma barbe en la sentant toute humide. Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même pour le coup, et je devrais être habitué à force. C'est quand même bien con d'avoir toujours l'espoir de tomber sur une serviette sèche alors que je fais le malin avec la vapeur comme ça. Je me sèche comme je peux avec et continue de marmonner avant d'ouvrir la porte, serviette autour de la taille. Pssssch. La différence de température me fait éternuer bruyamment. « Chiottes. » Une drôle d'odeur me monte dans le nez. Psssssch. Je tourne la tête et me rappelle alors que j'avais mis un truc sur le feu avant de partir prendre ma douche. Je me précipite et manque de trébucher sur ma serviette qui glisse avec mes mouvements. « Putain de merde ! » Je dois avoir l'air bien con à tenter de sauver ma boustifaille à poil ; heureusement que personne ne me voit. Je mets la poêle dans l'évier dans un juron bien coloré et vais ouvrir la petite fenêtre au dessus de mon lit pour aérer. « Super, c'est bien ma veine ça .. » Un soupir et je me décide à enfiler des fringues pour traîner. Le studio n'est pas grand heureusement et le vent de l'extérieur rend l'air respirable assez rapidement. Bon, y a plus qu'à faire quelque chose d'autre mais j'ai la flemme .. Je jette un coup d'oeil autour de moi. Ca serait pas mal aussi que je range un peu parce qu'il y a beaucoup de trucs qui traîne. Autant tout est bien rangé dans le hangar autant ici, j'ai parfois l'impression qu'on vit à trois. Je récupère ma serviette et l'accroche au mur pour qu'elle sèche, entre des affiches de récompense et une photographie d'une gonzesse sur une moto. Oui, chacun ses goûts. Dans un soupir de fin du monde, j'ouvre la micro chose qui me sert de frigo et regarde ce que j'ai d'autre, bien décidé à ne pas foirer cette fois-ci.