histoire — Lorsque Shun vit le jour au sein de la famille Qi, ce fut un véritable cadeau du ciel pour ses parents, qui n'attendaient plus d'enfant à cause de leur âge déjà bien avancé. Le petit dernier de la famille fut traité comme un véritable pince, choyé et complimenté dés qu'il piquait une crise ou se mettait à pleurer sans avertissement. Bien sûr, son comportement ne plaisait pas à tout le monde, et le premier mécontent fut son frère aîné, qui ne supportait pas de voir ses parents le chouchouter de la sorte. Il les avait prévenus, que s'ils traitaient leur fils de la sorte, il ne deviendrait qu'un pourri-gâté qui ne comprendrait rien à la vie, mais ses parents avaient tout niés en bloc, en lui rappelant qu'il n'avait pas à être jaloux puisqu'il avait été traité de la même manière lorsqu'il suçait encore son pouce. La jalousie maladive de son aîné commença tôt mais Shun n'y prêta pas attention, ou plutôt, il n'en prit pas conscience, pas tout de suite du moins. Il était jeune et insouciant, et il avait d'autres choses à penser que la façon dont le regard de son frère s'assombrissait à chaque fois qu'il posait les yeux sur lui. Shun préférait plaire à sa mère et arracher des compliments grognons de laa part de son père, parce qu'il avait terriblement besoin de savoir qu'ils étaient fiers de lui. Il ne comprit qu'en grandissant qu'il vivait dans une prison dorée et que tout ce qu'il croyait avoir n'était qu'illusions et mirages, de vulgaires diamants qui se brisaient s'il essayait de les toucher du bout des doigt. Il lui arrivait d'envier les jeunes qui allaient à l'école et qu'il pouvait voir en uniformes dans les rues lorsqu'il avait l'autorisation de sortir, accompagné par soit sa mère soit son père. C'était une vie monotone mais jamais il ne lui vint à l'esprit l'idée de se rebeller contre les choix autoritaires et stricts de ses parents. Ils étaient ceux qui lui permettaient de se nourrir et de dormir sous un toit, il leur devait tout ce qu'il a aujourd'hui. Malheureusement, plus il grandit et plus les responsabilités d'adulte pèsent sur ses épaules, tout comme la confiance de son père semble s'être dissipée envers lui, puisqu'il donna une place plus importante à son aîné qu'à lui, comme s'il n'était pas encore en mesure de comprendre comment travailler, comment gérer des affaires. Enfin, il ne se plaignit pas puisqu'il fut autorisé à aller à l'école, même si ce n'était que de la poudre aux yeux, un simple stratagème pour l'empêcher de faire un caprice et de jalouser son frère comme ce dernier le faisait. Aujourd'hui, Shun n'a toujours pas l'impression de pouvoir se mêler à la foule sans se sentir différent, sans être regardé différemment. Il suffit qu'il donne son nom de famille pour que les gens murmurent à son propos, et pour qu'ils s'approchent avec des sourires carnassiers, les mains tendus comme pour réclamer ce qu'il a à donner. Et comme il a le cœur sur la main, il donne toujours ce qu'il peut donner, même s'il n'est qu'utilisé dans ce but. A vrai dire, il s'inquiète plus de sa famille, parce que quelque chose a changé depuis peu et il est incapable de mettre le doigt dessus. L'ambiance n'est plus la même malheureusement, son père parle de moins en moins, sa mère semble de plus en plus fragile physiquement et son frère, ô son frère. Ce dernier ne rentre quasiment plus à la maison, si ce n'est pour prendre du repos ou récupérer des papiers importants avant de disparaître pour faire des affaires dieu seul sait ou. Shun sait que c'est vain, mais il essaie encore de s'accrocher à ce qu'il lui reste de famille, parce qu'il n'a absolument aucune idée de comment vivre par lui-même dans ce monde ruiné.