Ils couraient du mieux qu'ils pouvaient. Leurs jambes s'enfonçaient dans l'épaisse couche de neige, et le vent glacial fouettait leurs joues déjà sèches et rouges. En voyant la ville se profiler tout près d'eux, une lueur d'espoir s'étincela dans leurs regards fatigués. Ils finirent par se réfugier dans un local abandonné qui avait apparemment servi de garage auparavant. Ils n'avaient pas de temps à perdre, la douleur n'était plus gérable. Ce fut ici que je naquis, au milieu du cambouis séché et des vieux pneus déchirés, sous les cris insupportables de ma mère. Ses derniers. Car une fois le mien perçant la salle faiblement éclairée par les bougies, ce fut un lourd soupir de trépas qu'elle poussa. Je ne connus jamais ma mère, et mon père m'en voulut éternellement. Il m'avait raconté une fois, dans un élan de désespoir, qu'il s'était contenté de m'envelopper dans la veste chaude de ma mère avant d'enterrer cette dernière sous un saule pleureur, un peu plus loin dans le sous-bois de la ville. Je ne connus jamais ma mère, et je le regrettais encore énormément aujourd'hui.
Je compris vite, au fur et à mesure que je grandissais, que la misère faisait partie de notre quotidien, à mon père et moi. On errait de ville en ville dans les premières années de ma vie. Mon visage angélique permettait à mon père de gagner quelques pièces en faisant la manche. C'était grâce à ça qu'il réussissait à me nourrir. Dernier héritage de sa tendre aimée femme, il se disait au départ qu'il ne pouvait pas me rejeter comme ça. Mais son regard ne s'était jamais illuminé. Jamais. Il n'avait pas la fibre paternelle, et je ne savais pas s'il l'aurait un jour. Plus je prenais conscience de la situation dans laquelle je grandissais, et plus un mal-être s'installait en moi. Je n'étais pas un petit garçon comme les autres. Moi, je devais survivre, pas vivre. Mon père m'avait toujours appris à me débrouiller avec les moyens du bord. De quelque manière que c'était, il fallait toujours survivre. Survivre. Parce que de la fierté, on n'en avait nullement dans la famille.
Quand j'atteignis l'âge de huit ans, mon père décida d'élire domicile chez les fearless. S'il y avait bien une chose qu'il s'était évertué à vouloir m'inculquer dans la vie, c'était la paix. La violence l'avait détruit, lui et sa maigre fortune. La guerre l'avait changé. La mort l'avait trop effleuré. Tout ce qu'il recherchait, c'était la paix, et j'avais grandi dans cette idéologie-ci. Chez les fearless, il n'y avait pas de prise de position, et mon père s'assurait d'une vie plus stable pour moi. J'y rattrapai mon retard scolaire, toutes les économies de mon père passaient dedans. On n'avait toujours pas de toit, on pouvait passer des jours sans manger. Mais c'était ça notre quotidien. Pour un enfant de mon âge, ce n'était pas l'idéal, mais je ne me plaignais pas. Je savais que mon père faisait des efforts. Il ne me montrait jamais mon amour, il rejetait toujours la mort de ma mère sur moi, mais je ne me plaignais pas. Je lui étais toujours reconnaissant. Parce qu'il ne m'avait pas abandonné. Il aurait pu, un nourrisson ça mourait vite. Mais il ne l'avait pas fait. Non, il ne l'avait pas fait. Mais il aurait dû le faire plus tôt.
Je compris vite, au fur et à mesure que je grandissais, que la misère faisait partie de notre quotidien, à mon père et moi. On errait de ville en ville dans les premières années de ma vie. Mon visage angélique permettait à mon père de gagner quelques pièces en faisant la manche. C'était grâce à ça qu'il réussissait à me nourrir. Dernier héritage de sa tendre aimée femme, il se disait au départ qu'il ne pouvait pas me rejeter comme ça. Mais son regard ne s'était jamais illuminé. Jamais. Il n'avait pas la fibre paternelle, et je ne savais pas s'il l'aurait un jour. Plus je prenais conscience de la situation dans laquelle je grandissais, et plus un mal-être s'installait en moi. Je n'étais pas un petit garçon comme les autres. Moi, je devais survivre, pas vivre. Mon père m'avait toujours appris à me débrouiller avec les moyens du bord. De quelque manière que c'était, il fallait toujours survivre. Survivre. Parce que de la fierté, on n'en avait nullement dans la famille.
Quand j'atteignis l'âge de huit ans, mon père décida d'élire domicile chez les fearless. S'il y avait bien une chose qu'il s'était évertué à vouloir m'inculquer dans la vie, c'était la paix. La violence l'avait détruit, lui et sa maigre fortune. La guerre l'avait changé. La mort l'avait trop effleuré. Tout ce qu'il recherchait, c'était la paix, et j'avais grandi dans cette idéologie-ci. Chez les fearless, il n'y avait pas de prise de position, et mon père s'assurait d'une vie plus stable pour moi. J'y rattrapai mon retard scolaire, toutes les économies de mon père passaient dedans. On n'avait toujours pas de toit, on pouvait passer des jours sans manger. Mais c'était ça notre quotidien. Pour un enfant de mon âge, ce n'était pas l'idéal, mais je ne me plaignais pas. Je savais que mon père faisait des efforts. Il ne me montrait jamais mon amour, il rejetait toujours la mort de ma mère sur moi, mais je ne me plaignais pas. Je lui étais toujours reconnaissant. Parce qu'il ne m'avait pas abandonné. Il aurait pu, un nourrisson ça mourait vite. Mais il ne l'avait pas fait. Non, il ne l'avait pas fait. Mais il aurait dû le faire plus tôt.
« Prenez-le. Juste, prenez-le. » J'ouvris un œil. Puis bientôt le deuxième, me redressant soudainement sur mon lit de fortune à même le sol. Deux hommes, taillés comme des armoires à glace, me saisirent par mes maigres bras avant de me tirer du lit. Je me débattais. Je hurlais à n'en plus pouvoir, répétant sans cesse le nom de "papa" au fond de cette cave où on élisait domicile depuis plusieurs semaines déjà. Mon regard effrayé et en alerte se posa sur le sien encore plus éteint que d'habitude. Aucun sourire. Aucune larme. Juste son visage impassible, tiraillé par les rides de la vieillesse. Dans ses mains, une grosse, très grosse liasse de billets. Et à ses côtés, un homme bien habillé qui mettait ses gants de cuir et couvrait son cou de son écharpe en soie. Je n'étais plus un petit garçon pour comprendre ce qu'il se passait. Il m'abandonnait. Il m'abandonnait enfin, après douze années de survie mutuelle. Que m'avait-il appris, au final ? Rien, si ce n'était que je n'étais qu'un fardeau dans sa vie. Que par ma faute, il avait perdu l'amour de sa vie. Mais il n'était pas ravi de me voir partir. Ni ravi, ni triste. Il était plutôt désolé pour moi. Dans la vie, il fallait survivre, de quelques manières possibles. On n'avait aucune fierté dans la famille, il ne fallait pas l'oublier. Et la fierté, mon père n'en avait aucune en me vendant à ce proxénète hasty.
Les deux hommes me poussèrent dans une cage métallique, et l'un d'eux me passa les menottes sur mes poignets et mes chevilles. Je m'accrochai au grillage, les yeux écarquillés, et je cherchai du regard mon seul repère: mon père. Les battants du camion se refermèrent sur moi, et je me recroquevillai contre mes genoux dans une pluie de larmes gelées. Je rentrai mon visage entre mes bras, et je plongeai dans un inconnu qui me faisait souffrir encore plus que le couteau que mon père venait de me planter dans le cœur. Il m'avait abandonné. Il s'était montré faible et avare sous les belles promesses de ce riche propriétaire. En échange de quelques billets insignifiants pour lui, mais qui représentaient tout pour mon père, j'étais entré dans le monde du trafic d'enfants et du proxénétisme. Je ne savais pas où la vie m'emmenait, et je n'avais pas envie de le savoir. J'avais peur, j'étais trop jeune pour ça, et je ne pouvais que pleurer.
Quelques jours plus tard, à peine nourri avec du pain sec et de l'eau mal distillée, je découvris la capitale des hasty. On me traîna par mes chaînes, et le riche homme m'emmena à l'intérieur de son établissement. Il m'annonça que c'était ici maintenant que j'habiterais, et que je n'étais rien d'autre qu'un esclave. Qu'il voulait que mon achat soit rentable et que pour cela, il me confierait à une "matrone". C'était quoi ça, une "matrone" ? Il me poussa entre mes omoplates et j'entrai dans une pièce très belle, mais aussi très fréquentée. Des gens se frottaient entre eux, d'autres riaient tout en se partageant des boissons qui sentaient fort. Tout était dans l'opulence et la couleur. Un monde nouveau s'offrit à moi: le monde de la prostitution.
Les deux hommes me poussèrent dans une cage métallique, et l'un d'eux me passa les menottes sur mes poignets et mes chevilles. Je m'accrochai au grillage, les yeux écarquillés, et je cherchai du regard mon seul repère: mon père. Les battants du camion se refermèrent sur moi, et je me recroquevillai contre mes genoux dans une pluie de larmes gelées. Je rentrai mon visage entre mes bras, et je plongeai dans un inconnu qui me faisait souffrir encore plus que le couteau que mon père venait de me planter dans le cœur. Il m'avait abandonné. Il s'était montré faible et avare sous les belles promesses de ce riche propriétaire. En échange de quelques billets insignifiants pour lui, mais qui représentaient tout pour mon père, j'étais entré dans le monde du trafic d'enfants et du proxénétisme. Je ne savais pas où la vie m'emmenait, et je n'avais pas envie de le savoir. J'avais peur, j'étais trop jeune pour ça, et je ne pouvais que pleurer.
Quelques jours plus tard, à peine nourri avec du pain sec et de l'eau mal distillée, je découvris la capitale des hasty. On me traîna par mes chaînes, et le riche homme m'emmena à l'intérieur de son établissement. Il m'annonça que c'était ici maintenant que j'habiterais, et que je n'étais rien d'autre qu'un esclave. Qu'il voulait que mon achat soit rentable et que pour cela, il me confierait à une "matrone". C'était quoi ça, une "matrone" ? Il me poussa entre mes omoplates et j'entrai dans une pièce très belle, mais aussi très fréquentée. Des gens se frottaient entre eux, d'autres riaient tout en se partageant des boissons qui sentaient fort. Tout était dans l'opulence et la couleur. Un monde nouveau s'offrit à moi: le monde de la prostitution.
Je trempai délicatement l'éponge dans le pot de poudre blanche, et je tamponnai mes pommettes avec, tandis qu'elle passait son peigne en dents de baleine dans mes longs cheveux lisses. Elle avait toujours cette délicatesse légendaire, propre aux geishas. Elle n'était jamais violente avec moi. Son sourire, parfois faux, était tout ce qui me restait dans cette maison. Du début, et jusqu'à la fin, elle s'occupait de moi. Sayuri était une des dernières vraies geishas du continent. Le Japon avait disparu, et sa culture avec. Je poussai un soupir et posai sur le côté le pot de poudre, la boule au ventre. Sayuri m'avait appris les rudiments de son art jusqu'au bout des ongles. Presque quatre ans de préparation acharnée, à ne rien laisser au hasard. Je n'étais pas fier de ce que j'étais devenu, et je ressentais toujours de la peine au sort que mon père m'avait réservé. Je m'éclaircis la gorge et levai mon regard sur le miroir devant lequel j'étais assis sur mes genoux. Mes doigts, affinés par les exercices répétés des instruments à corde, se perdirent dans le peignoir que je portais. Sayuri leva également ses yeux de biche sur le miroir, et nos regards s'entrechoquèrent. Par la suite, elle sortit son habituel sourire faussé, et elle posa le peigne sur le côté dans un petit soupir. « Tu sais ce que veut dire Nai, en Japonais ? » Je secouai vivement la tête, un peu pris de court par son interrogation. « Rien. Le néant. Et pourtant, c'est tout ce dont tu as besoin ici, Temujin. » Elle se leva et alla de l'autre côté de la chambre avant d'attraper ma tenue pour ce soir. Je l'observai à travers le miroir, ma gorge de plus en plus serrée. J'atteignais bientôt mes seize ans, et je n'avais qu'une seule envie: mettre fin à mes jours.
Je ne pouvais pas dire que je manquais de quelque chose, ici. La famille Nai m'avait donné un toit, de la nourriture et un suivi scolaire minimum. Tout aurait pu paraître contre hospice de charité, ici, mais il ne fallait pas oublier que cette générosité avait un prix. Et que comme je ne possédais aucun argent, il fallait que je les paie autrement. D'où ma prise en charge par Sayuri, ma "matrone". Et aujourd'hui, je commençais à rembourser mes dettes, me plongeant par la même occasion dans cette spirale infernale, cette boucle sans fin où je me demandais pourquoi il fallait vivre quand on n'était pas libre. Je ne portais plus les chaînes depuis longtemps, mais je ressentais toujours leur poids sur mes chevilles. Je n'avais pas envie de devenir quelqu'un d'autre, je n'avais pas envie de m'oublier et de me perdre. Alors je serrai fort mes mains contre moi, avant que Sayuri ne me jette dans la gueule du loup. Je ne pensai alors à plus rien d'autre que les coups d'éventail sur ma tête quand je ratais une note au shamisen, ou alors les longues heures où je devais tremper mes doigts dans l'eau gelée, dehors en plein hiver sous la neige abondante, qui m'avait valu des séjours prolongés à l'infirmerie de la maison close. Je ne pensais qu'à tout ce savoir et cette pratique que m'avait inculqué Sayuri pour être un parfait petit pantin. Une parfaite petite poupée. Un parfait petit prostitué, en fait.
Je ne pouvais pas dire que je manquais de quelque chose, ici. La famille Nai m'avait donné un toit, de la nourriture et un suivi scolaire minimum. Tout aurait pu paraître contre hospice de charité, ici, mais il ne fallait pas oublier que cette générosité avait un prix. Et que comme je ne possédais aucun argent, il fallait que je les paie autrement. D'où ma prise en charge par Sayuri, ma "matrone". Et aujourd'hui, je commençais à rembourser mes dettes, me plongeant par la même occasion dans cette spirale infernale, cette boucle sans fin où je me demandais pourquoi il fallait vivre quand on n'était pas libre. Je ne portais plus les chaînes depuis longtemps, mais je ressentais toujours leur poids sur mes chevilles. Je n'avais pas envie de devenir quelqu'un d'autre, je n'avais pas envie de m'oublier et de me perdre. Alors je serrai fort mes mains contre moi, avant que Sayuri ne me jette dans la gueule du loup. Je ne pensai alors à plus rien d'autre que les coups d'éventail sur ma tête quand je ratais une note au shamisen, ou alors les longues heures où je devais tremper mes doigts dans l'eau gelée, dehors en plein hiver sous la neige abondante, qui m'avait valu des séjours prolongés à l'infirmerie de la maison close. Je ne pensais qu'à tout ce savoir et cette pratique que m'avait inculqué Sayuri pour être un parfait petit pantin. Une parfaite petite poupée. Un parfait petit prostitué, en fait.
« T'as entendu la dernière, Kushi ? Un clan de pacifistes s'est établi à l'ouest... ils s'appellent les Wise, mais je ne les trouve pas wise du tout. » L'homme ricana grassement et roula de l'autre côté du lit avant d'attraper ses vêtements. Je me redressai, curieux, remontant le drap sur mon torse, et je glissai quelques mèches de cheveux derrière mon oreille. C'était vrai ça, ce que mon client disait ? Alors, peut-être qu'il y avait encore un espoir dans cette vie pourrie. J'esquissai un sourire forcé, comme celui que Sayuri m'avait appris, et je tapotai un peu les oreillers pour leur redonner leur confort initial. J'observais l'homme de dos, il avait fait face au grand miroir de la chambre pour se rhabiller correctement. Je clignai des yeux et sortis à mon tour du lit, enfilant un peignoir de soie que j'avais préalablement posé sur un cintre, et je contournai le matelas pour le rejoindre et l'aider à boutonner sa chemise, délicate attention de ma part pour combler d'autant plus mon client. Ce dernier se laissa faire, me confiant la tâche avec un sourire large. Il était satisfait. Pas moi. J'avais envie de savoir plus sur ce clan qui me rappelait énormément l'éducation que mon père m'avait donné. J'avais peut-être grandi chez les hasty, mais je n'adhérais pas du tout à leurs principes. Tout n'était que violence et menace. Je vivais ici parce que je n'avais pas le choix, et je ne portais pas les hasty dans mon cœur. Je cachais subtilement mes propres idéaux. Je ne recherchais que le calme et la paix dans ce monde horrible que j'avais appris à détester. J'étouffai un rire discret, et je lissai du plat de la main le col de mon client avant qu'il ne mette sa veste. « Y'a rien là-bas pour toi, Kushi. N'aie pas peur. » Et il quitta la chambre. Je restai debout, devant le miroir, et mes cheveux tombèrent sur ma figure. Le problème, c'était que j'avais quand même peur.
Ce ne fut pas la seule fois où j'entendais parler de ce nouveau clan qui faisait beaucoup de grabuge à vrai dire. Plusieurs clients s'en plaignaient. Ils trouvaient trop utopiques et sans réel potentiel d'avenir. Parce qu'ils étaient hasty de cœur et d'esprit. Pour moi, les Wise représentaient ma liberté. Alors parfois, quand la maison close s'endort, je regardais par la fenêtre pour observer au loin les montagnes, les forêts et les champs inaccessibles. Pour une fois, une seule fois dans ma vie, je pensais à autre chose que mourir. Ce nouveau clan était devenu ma raison de vivre désormais, et je m'étais décidé follement de préparer mon évasion. Je mentais sur l'argent des clients, je gardais quelques maigres billets que je cachais dans ma boîte à maquillage. Par mes sourires faux, je questionnais curieusement les autres sur ce clan, ce qu'il faisait et comment il évoluait. Eux, ils croyaient que je m'inquiétais pour les hasty, mais en réalité je me moquais bien d'eux. Les hasty, ce n'était pas ma famille, et ils ne le seraient jamais. Alors je rêvais de partir. Loin. Encore plus loin que l'impossible. Et je voulais fuir les griffes de ce Nai, ce néant qui me maintenait en vie sous perfusion malgré moi. Je voulais m'en aller, et ne plus jamais revenir.
Ce ne fut pas la seule fois où j'entendais parler de ce nouveau clan qui faisait beaucoup de grabuge à vrai dire. Plusieurs clients s'en plaignaient. Ils trouvaient trop utopiques et sans réel potentiel d'avenir. Parce qu'ils étaient hasty de cœur et d'esprit. Pour moi, les Wise représentaient ma liberté. Alors parfois, quand la maison close s'endort, je regardais par la fenêtre pour observer au loin les montagnes, les forêts et les champs inaccessibles. Pour une fois, une seule fois dans ma vie, je pensais à autre chose que mourir. Ce nouveau clan était devenu ma raison de vivre désormais, et je m'étais décidé follement de préparer mon évasion. Je mentais sur l'argent des clients, je gardais quelques maigres billets que je cachais dans ma boîte à maquillage. Par mes sourires faux, je questionnais curieusement les autres sur ce clan, ce qu'il faisait et comment il évoluait. Eux, ils croyaient que je m'inquiétais pour les hasty, mais en réalité je me moquais bien d'eux. Les hasty, ce n'était pas ma famille, et ils ne le seraient jamais. Alors je rêvais de partir. Loin. Encore plus loin que l'impossible. Et je voulais fuir les griffes de ce Nai, ce néant qui me maintenait en vie sous perfusion malgré moi. Je voulais m'en aller, et ne plus jamais revenir.